Rapport de l'ASN 2022

Après examen des enjeux liés à la protection de l’environnement, l’ASN a adopté successivement quatre décisions fixant des prescriptions temporaires relatives aux rejets thermiques des centrales nucléaires de Golfech, Bugey, Saint-Alban, Blayais et Tricastin, sur une période allant du 15 juillet au 11 septembre. L’ASN a également prescrit à EDF d’exercer une surveillance renforcée du milieu aquatique avec des prélèvements et des mesures. Ces centrales nucléaires n’ont eu recours aux dispositions temporaires que pour une durée cumulée de 24 jours (9 jours pour Tricastin, 8 jours pour Bugey, 6 jours pour Golfech et 1 jour pour Saint-Alban). La centrale nucléaire du Blayais a pu maintenir sa production électrique sans avoir à recourir à ces dispositions temporaires. Les premiers résultats de la surveillance renforcée de l’environnement prescrite par l’ASN ne montrent pas d’impact entre l’amont et l’aval des centrales nucléaires concernées sur les paramètres physico-chimiques, ni sur les valeurs de microbiologie (bactéries). Aucune mortalité piscicole ou altération de l’état de santé du milieu entre l’amont et l’aval des centrales nucléaires concernées n’a été identifiée. L’ASN a également réalisé des inspections en lien avec l’application de ces décisions. Elle n’a pas mis en évidence d’écart par rapport aux dispositions qu’elle a prescrites. La gestion des effluents radioactifs en période de sécheresse Le débit du cours d’eau peut également empêcher EDF de rejeter les effluents liquides issus des réacteurs nucléaires. Afin de limiter l’impact de ces rejets sur le milieu récepteur, l’ASN a fixé, pour chaque centrale implantée en bord de rivière, une valeur minimale du débit du cours d’eau en deçà de laquelle les rejets d’effluents radioactifs ne peuvent être réalisés. En deçà de ces valeurs, EDF doit entreposer ces effluents dans l’attente de conditions de débit favorables. Les centrales nucléaires disposent de réservoirs de secours offrant des capacités d’entreposage d’effluents supplémentaires pour faire face à des situations exceptionnelles, dont l’utilisation doit faire l’objet d’un accord préalable de l’ASN. Au cours de l’année 2022, l’ASN a accordé à EDF la possibilité d’utiliser un ou deux réservoirs de secours pour les centrales nucléaires de Belleville-sur-Loire, Cattenom, Chinon, Dampierreen-Burly, Nogent-sur-Seine et Saint-Laurent-des-Eaux, pendant les périodes au cours desquelles les débits des cours d’eau étaient les plus faibles et ne lui permettaient plus d’effectuer des rejets d’effluents radioactifs. Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2022 15 Faits marquants 2022 Une période de canicule et de sécheresse a trois conséquences principales sur le fonctionnement des réacteurs nucléaires. Le fonctionnement des équipements participant à la sûreté du réacteur en période de canicule Les fortes chaleurs ont entraîné des températures élevées de l’air, provoquant une augmentation de la température dans les locaux des centrales nucléaires. Au sein de ces locaux, le bon fonctionnement des équipements contribuant à la sûreté des réacteurs nucléaires est assuré jusqu’à une certaine température ambiante. Des équipements de ventilation et de climatisation sont nécessaires pour que cette température ne soit pas dépassée. Depuis les canicules de 2003 et 2006, EDF a renforcé les capacités des dispositifs de ventilation et de climatisation des locaux dans lesquels sont situés les systèmes de sûreté. Les températures auxquelles doivent faire face les réacteurs sont définies dans la démonstration de sûreté à fin 2022 ; elles sont régulièrement réévaluées, notamment à l’occasion des réexamens périodiques. Ces réévaluations prennent en compte les évolutions climatiques. Lors des épisodes caniculaires de l’été 2022, les températures maximales relevées dans les locaux des centrales nucléaires sont restées inférieures aux températures considérées dans la démonstration de sûreté. L’ASN n’a pas relevé de conséquence de ces fortes températures sur la sûreté des réacteurs. La puissance produite par les réacteurs en situation de température élevée des cours d’eau Pour contribuer au refroidissement de ses réacteurs, une centrale nucléaire prélève de l’eau dans un cours d’eau ou dans la mer. Cette eau est ensuite restituée au cours d’eau ou à la mer à une température plus élevée, soit directement (réacteur dit « en circuit ouvert »), soit après refroidissement dans des tours aéroréfrigérantes (réacteur dit « en circuit fermé ») qui permettent une évacuation partielle de la chaleur dans l’atmosphère. Cette eau rejetée par la centrale nucléaire entraîne une élévation de la température du cours d’eau entre l’amont et l’aval du rejet. Cette élévation peut aller, suivant les réacteurs, de quelques dixièmes de degrés (en cas de circuit fermé) à plusieurs degrés (en cas de circuit ouvert). Afin d’en maîtriser les conséquences sur l’environnement, les conditions thermiques de ces rejets sont encadrées par des décisions de l’ASN, propres à chaque centrale nucléaire. Les prescriptions fixées imposent des valeurs limites concernant la température de rejet des eaux de refroidissement dans le milieu naturel et l’échauffement en aval de la centrale nucléaire, ainsi que des modalités de surveillance de l’environnement. Ainsi, quand la température du cours d’eau à l’amont de la centrale est trop élevée, EDF doit réduire la puissance produite par les réacteurs, voire les arrêter, afin de respecter les valeurs limites associées à la température en aval. Entre juillet et septembre 2022, les épisodes caniculaires et la sécheresse ont conduit à une élévation de température de certains cours d’eau utilisés pour le refroidissement des centrales nucléaires, dont en particulier le Rhône, la Garonne et l’estuaire de la Gironde. Toutefois, les enjeux de sécurité du réseau électrique d’une part, puis de préservation des réserves de gaz naturel et d’eau des barrages hydroélectriques en vue de l’automne et de l’hiver d’autre part, ont conduit EDF à solliciter la modification temporaire des prescriptions encadrant les rejets thermiques de ces centrales nucléaires. L’ASN analysera les conséquences du changement climatique sur la sûreté des centrales nucléaires et la protection de l’environnement dans le cadre de la démarche qu’elle lance sur la poursuite de fonctionnement de ces installations jusqu’à et au-delà de 60 ans.

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