Rapport de l'ASN 2022

des éléments de sectorisation dont le bon fonctionnement est particulièrement important. Par exemple, les portes coupe-feu dont la position fermée est indispensable ont été identifiées et feront l’objet de mesures de surveillance spécifiques. Ces méthodes seront également mises en œuvre dans le cadre du quatrième réexamen périodique des réacteurs de 1300 MWe. Sur les sites, l’ASN ne constate pas d’évolution notable concernant la maîtrise des risques liés aux incendies, avec un niveau qui reste en deçà de ses attentes. Les nombres de départs de feu et d’événements significatifs en lien avec l’incendie sont en légère baisse en 2022 par rapport à 2021. Deux départs de feu survenus en 2022 hors zone contrôlée ont mené au déclenchement du PUI du site concerné. L’ASN a constaté certaines améliorations dans le pilotage de ce risque sur les centrales nucléaires. Toutefois, la campagne d’inspections renforcées (voir encadré ci-contre) montre que des améliorations sont nécessaires pour mieux maîtriser ce risque. La gestion de la détection incendie et la formation des personnels sont en général satisfaisantes et l’ASN note que, depuis fin 2021, les agents de levée de doute de toutes les centrales nucléaires interviennent en binôme. EDF a également poursuivi ses actions visant à améliorer la maîtrise des risques liés à l’incendie dans les locaux identifiés comme étant particulièrement sensibles à cette agression au regard des conséquences potentielles pour la sûreté. Cependant, des progrès sont attendus dans l’application des règles sur le terrain. Ainsi, l’ASN considère que les efforts entrepris par les centrales nucléaires pour mener les actions correctives doivent se poursuivre et faire l’objet d’un meilleur accompagnement auprès du personnel, qui doit disposer du temps nécessaire pour réaliser les actions attendues. Enfin, à la suite d’une demande de l’ASN formulée en 2019, EDF a présenté à l’ASN en 2022 la stratégie qui sera déployée à compter de 2024 en matière d’organisation de lutte contre l’incendie. Des évolutions sont prévues en matière d’équipement de protection, de formation des personnels mais également en ce qui concerne les liens avec les services départementaux d’incendie et de secours. Les risques liés aux explosions L’ASN contrôle les mesures de prévention et de surveillance du risque d’explosion et veille particulièrement à sa prise en compte dans le référentiel et l’organisation d’EDF. L’ASN s’assure également du respect de la réglementation relative aux « atmosphères explosives » (ATEX) pour la protection des travailleurs. La maîtrise des risques liés aux explosions n’est pas encore satisfaisante pour l’ensemble des sites. Certaines actions de maintenance et de contrôle demandées par la doctrine interne d’EDF ne sont pas mises en œuvre de manière satisfaisante, notamment en ce qui concerne les risques liés à la présence d’hydrogène sur les installations. De plus, l’ASN constate que l’intégration du REX et le traitement de certains écarts font parfois l’objet de reports qui ne sont pas toujours justifiés au regard des conséquences potentielles pour la sûreté. Lors de ses inspections, l’ASN est particulièrement vigilante aux contrôles et aux actions correctives menées par EDF pour garantir la compatibilité des matériels électriques avec une utilisation dans des locaux où une atmosphère explosive est susceptible de se former. La gestion des parcs à gaz fait également l’objet d’une attention particulière en inspection. L’ASN note les efforts entrepris par EDF pour réduire ces écarts, notamment par la mise en place d’un suivi renforcé et le déploiement de plans d’action conduisant à des remplacements de matériels. L’ASN considère qu’EDF doit continuer à porter une attention toute particulière sur ce sujet et s’assurer que la démarche de prévention des risques d’explosion est déclinée avec toute la rigueur nécessaire sur l’ensemble des sites. Les risques liés aux inondations internes En 2019, l’ASN a demandé à EDF de compléter sa démarche mise en œuvre pour mieux maîtriser le risque d’inondation interne, s’assurer du bon fonctionnement des siphons de sol, renforcer la maintenance des tuyauteries susceptibles de conduire à une inondation interne et assurer une meilleure maîtrise de leur vieillissement. En réponse à ces demandes, EDF a mis en place des actions d’amélioration. Par ailleurs, EDF poursuit ses visites sur le terrain visant à recenser les tuyauteries pouvant être à l’origine d’une inondation interne dans les bâtiments électriques, qui sont particulièrement sensibles à ce risque, afin d’évaluer la nécessité de renforcer leur maintenance. Conformément aux demandes de l’ASN, EDF étendra ces recensements aux autres bâtiments. L’ASN constate de façon positive qu’EDF a engagé une rénovation des circuits de certains systèmes de réfrigération particulièrement sensibles à la corrosion. Enfin, dans le cadre des quatrièmes réexamens périodiques des réacteurs de 900 MWe et 1300 MWe, EDF a fait évoluer sa démonstration de sûreté relative aux risques d’inondation interne, en considérant notamment plusieurs possibilités de cheminement de l’eau et a défini des dispositions complémentaires pour limiter les risques. L’ASN a instruit en 2022 la nouvelle méthodologie proposée et a demandé des ajustements à EDF. Les risques liés aux séismes Les programmes d’inspection mis en œuvre par EDF conduisent à déclarer régulièrement des événements significatifs pour la sûreté pour défaut de résistance au séisme de certains matériels. Ces événements résultent d’actions de contrôle ciblées, progressivement déployées par EDF. Ces non-conformités peuvent avoir, en cas de séisme, des conséquences importantes, qui sont alors systématiquement analysées. Le 11 novembre 2019, un séisme s’est produit au niveau de la commune du Teil. Il a conduit EDF à mettre en œuvre, sur la centrale nucléaire de Cruas-Meysse, la procédure de conduite prévue en cas de séisme. En effet, les mouvements sismiques détectés sur ce site ont atteint le niveau nécessitant la mise à l’arrêt des réacteurs afin de procéder à des vérifications. Un programme d’inspection a ensuite été défini et réalisé avant le redémarrage des réacteurs. L’ASN a demandé à EDF dès novembre 2019 de déterminer si ce séisme devait conduire à revoir les niveaux de séisme à retenir pour la protection des sites des centrales nucléaires du Tricastin et de Cruas-Meysse. Après des investigations de terrain, EDF a défini un nouveau spectre de dimensionnement pour le site de Cruas-Meysse. CAMPAGNE D’INSPECTIONS SUR LA MAÎTRISE DES RISQUES LIÉS À L’INCENDIE L’ASN a achevé en 2022 la campagne d’inspections renforcées sur la maîtrise des risques liés à l’incendie débutée en 2021. Ces inspections ont notamment porté sur le contrôle de la maîtrise de la sectorisation et des charges calorifiques et les moyens de lutte contre l’incendie. Ces inspections ont été accompagnées, pour certaines centrales, d’un exercice de mise en situation des équipes d’intervention. L’ASN a formulé des demandes d’amélioration sur la gestion des entreposages et des stockages de matériels, qui représentent des potentiels calorifiques importants, ainsi que sur la détection et le traitement rapides des anomalies de sectorisation. EDF doit également améliorer l’état des moyens de lutte contre l’incendie, notamment les poteaux incendies et réseaux d’eau associés. 306 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2022 • 10 • Les centrales nucléaires d’EDF 10

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