Rapport de l'ASN 2022

L’ASN a autorisé la première phase de travaux pour la reprise des boues de STE2 en 2015. Le décret d’autorisation de créa‑ tion de STE3 a été modifié par décret du 29 janvier 2016, afin de permettre l’implantation du procédé de traitement des boues de STE2. Fin 2017, Orano Cycle a cependant informé l’ASN que le pro‑ cédé retenu pour le traitement des boues dans STE3 pouvait entraîner des difficultés pour l’exploitation et la maintenance des équipements. Orano a proposé un scénario alternatif par centrifugation et a transmis en août 2019 un dossier d’options de sûreté (DOS), qui repose cependant sur des hypothèses encore trop peu étayées. Une inspection réalisée fin 2019 a confirmé que le projet n’était pas suffisamment mûr pour que l’ASN puisse donner un avis sur ce DOS. En 2022, dans le cadre des échanges techniques menés entre Orano, l’ASN et l’IRSN, Orano s’est engagé sur une nouvelle feuille de route pour ce projet. Ainsi, Orano a abandonné le scénario de centrifugation et s’est engagé à mener en paral‑ lèle de nouvelles études visant d’une part à approfondir les solutions de traitement et de conditionnement des boues et d’autre part à mettre en place un entreposage intermédiaire (nouveaux silos) dans des conditions de sûreté satisfaisantes, permettant de dissocier la reprise et la mise en sûreté de ces boues, de leur conditionnement définitif. Silo 130 Le silo 130 est un entreposage enterré en béton armé, muni d’un cuvelage en acier noir utilisé pour l’entreposage à sec de déchets solides issus du traitement des combustibles des réacteurs UNGG, ainsi que de déchets technologiques et de terres et gravats contaminés. Le silo a reçu des déchets de ce type à partir de 1973, jusqu’à son incendie en 1981, qui a contraint l’exploitant à noyer ces déchets. L’étanchéité du silo ainsi rempli d’eau n’est aujourd’hui assurée qu’au moyen d’une unique barrière de confinement, constituée d’une « peau » en acier. Par ailleurs, la structure du génie civil du silo 130 est aujourd’hui fragilisée par le vieillissement et par l’incendie survenu en 1981. L’eau est en contact direct avec les déchets et peut contribuer à la corrosion du cuvelage en acier noir. Un des risques majeurs de cette installation concerne la dis‑ persion des substances radioactives dans l’environnement (infiltration de l’eau contaminée dans la nappe phréatique). L’étanchéité du silo 130 est notamment surveillée par un réseau de piézomètres situés à proximité. Un autre facteur pouvant compromettre la sûreté du silo 130 est lié à la nature des subs‑ tances présentes dans les déchets, comme le magnésium, qui est pyrophorique. L’hydrogène, gaz hautement inflammable, peut aussi être produit par des phénomènes de radiolyse ou de corrosion (présence d’eau). Ces éléments contribuent aux risques d’incendie et d’explosion. Le scénario de reprise et de conditionnement de ces déchets comporte quatre étapes: • reprise et conditionnement des déchets UNGG solides; • reprise des effluents liquides ; • reprise et conditionnement des déchets UNGG résiduels et des boues de fond de silo; • reprise et conditionnement des terres et gravats. Orano a construit une cellule de reprise au-dessus de la fosse contenant les déchets et un nouveau bâtiment dédié aux opé‑ rations de tri et de conditionnement. En 2022, les différents travaux menés sur le silo 130 ont per‑ mis à l’exploitant de valider la mise en service industrielle du procédé de reprise des déchets. En termes quantitatifs, 36 fûts de déchets ont été repris en 2022, ce qui représente une soixantaine de fûts repris depuis le démarrage de l’instal‑ lation en 2021. Toutefois, l’exploitant rencontre de nombreuses difficultés en matière de cadence de reprise des déchets et de fiabilité des équipements, qui ont un impact significatif sur le délai de reprise des déchets. Ainsi, la reprise des déchets est stoppée depuis la fin du mois d’août 2022 à la suite de la rupture d’un câble de la herse de reprise. L’ASN considère que l’exploitant doit mettre en œuvre des mesures visant à restau‑ rer une capacité de fonctionnement la plus proche possible de ce qui avait été prévu à la conception et doit prendre en compte le REX pour les autres projets de RCD. Silo HAO et stockage organisé des coques L’atelier HAO (INB 80) assurait les premières étapes du proces‑ sus de traitement des combustibles nucléaires usés: réception, entreposage, puis cisaillage et dissolution. Les solutions de dissolution produites dans l’INB 80 étaient ensuite transférées dans l’ensemble industriel UP2‑400, dans lequel avait lieu la suite des opérations de traitement. L’INB 80 est composée de: • HAO Nord, lieu de déchargement et d’entreposage des combustibles usés; • HAO Sud, où étaient effectuées les opérations de cisaillage et dissolution ; • le bâtiment « filtration », qui comporte le système de filtration de la piscine de HAO Sud; • le silo HAO, dans lequel sont entreposés des coques et embouts (morceaux de gaine et embouts de combustible) en vrac, des fines provenant essentiellement du cisaillage, des résines et des déchets technologiques issus de l’exploi‑ tation de l’atelier HAO entre 1976 et 1997 ; • le stockage organisé des coques (SOC), composé de trois piscines dans lesquelles sont entreposés des fûts conte‑ nant coques et embouts. En 2022, l’exploitant a poursuivi les opérations préalables à la reprise des déchets du silo HAO et la mise en œuvre des modifications matérielles définies à l’issue de l’analyse des points durs identifiés lors des essais fonctionnels du dispositif de reprise des déchets. Les efforts ont porté en particulier sur la mise à niveau du chariot de cimentation pour les fines et résines. La décision n° CODEP-DRC-2022-02887 du 15 juillet 2022 a autorisé la mise en service partielle de la cellule de reprise et de conditionnement en fût ECE des déchets du silo HAO et des piscines du SOC. Les échéances sont en cohé‑ rence avec le «planning intégré» du projet transmis en février 2022 pour répondre aux exigences de maîtrise de l’échéan‑ cier selon la décision n°2014-DC-0472 du 9 décembre 2014 modifiée. 80 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2022 Le panorama régional de la sûreté nucléaire et de la radioprotection • NORMANDIE •

RkJQdWJsaXNoZXIy NjQ0NzU=