Rapport de l'ASN 2022

bonne maîtrise des activités menées à l’occasion des arrêts de réacteur, ainsi qu’un traitement adapté des anomalies rencontrées. En matière de radioprotection des travailleurs, l’ASN consi‑ dère que les performances ont progressé par rapport à l’année 2021 avec la poursuite du déploiement du plan d’action dans ce domaine. En particulier, l’ASN relève l’amélioration dans le suivi de la dosimétrie et la maîtrise du processus «zone rouge». Toutefois, l’ASN constate encore des dysfonctionnements sur le terrain concernant le port des dosimètres, le balisage des zones contrôlées et la mise à disposition des contaminamètres attendue au niveau des sauts de zones. Ces défauts sont révé‑ lateurs d’un manque de surveillance, de formation et d’infor‑ mation des intervenants: la culture de radioprotection reste donc à améliorer. Concernant la protection de l’environnement, l’ASN relève les efforts constants de l’exploitant pour résorber des situations dégradées détectées depuis plusieurs années, telles que la résorption de la présence ancienne de polluants dans les sols et dans les nappes souterraines captives du site. Par ailleurs, l’ASN souligne les mesures volontaristes mises en place pour maîtriser les rejets d’un gaz à effet de serre utilisé pour l’isola‑ tion électrique (SF6). Toutefois, elle considère que la maîtrise des rejets d’autres gaz à effet de serre reste largement perfec‑ tible et que des améliorations sont attendues concernant la régularité des performances des rejets de la station d’épuration du site. Enfin, elle constate des fragilités persistantes pour garantir le confinement en toute circonstance des déverse‑ ments liquides non radioactifs accidentels sur le site. En matière d’inspection du travail, l’ASN considère que les résultats en matière de sécurité des travailleurs ne sont tou‑ jours pas à l’attendu. L’ASN a constaté des situations à risque pour les travailleurs concernant le travail en hauteur, ainsi que la survenue d’événements affectant la sécurité, en lien avec les outillages électroportatifs. L’ASN considère que la pertinence des analyses de risques doit être améliorée. Elle souligne égale‑ ment des situations non maîtrisées ayant conduit à l’exposition accidentelle de plusieurs salariés aux fibres d’amiante. Une réaction forte de l’exploitant est attendue sur ce sujet. L’ASN relève toutefois positivement la mise en place de revues de sécurisation des chantiers. Centrale nucléaire de Civaux La centrale nucléaire de Civaux est exploitée par EDF dans le département de la Vienne, à 30 km au sud de Poitiers, en région Nouvelle‑Aquitaine. Elle comprend deux REP d’une puissance de 1 450 MWe, mis en service en 1997 et 1999. Les réacteurs 1 et 2 constituent respectivement les INB 158 et 159. Ce site dispose d’une des bases régionales de la FARN, créée en 2011 par EDF, à la suite de l’accident survenu à la centrale nucléaire de Fukushima au Japon. Son objectif est d’intervenir, en situation pré‑ accidentelle ou accidentelle, sur n’importe quelle centrale nucléaire en France, en apportant des renforts humains et des moyens matériels de secours. La centrale nucléaire de Civaux a connu une année 2022 sin‑ gulière avec ses deux réacteurs à l’arrêt. Cette situation est liée à la gestion du phénomène de corrosion sous contrainte affectant certaines tuyauteries raccordées au circuit pri‑ maire, identifié en 2021 sur le réacteur 1 et au déroulement des visites décennales sur les deux réacteurs. En matière de sûreté, l’ASN n’est ainsi pas en mesure de comparer les performances de la centrale nucléaire de Civaux avec celles des autres centrales nucléaires. Elle considère que les per‑ formances de la centrale nucléaire de Civaux en matière de radioprotection se distinguent favorablement par rapport à l’appréciation générale que l’ASN porte sur les centrales nucléaires d’EDF, et que ses performances en matière de protection de l’environnement rejoignent cette appréciation générale. Dans le domaine de la sûreté nucléaire, l’ASN souligne favo‑ rablement l’attitude d’EDF qui a privilégié la sûreté de ses installations en maintenant volontairement à l’arrêt ses deux réacteurs pour mener à bien le remplacement de tuyaute‑ ries potentiellement affectées par des fissures de corrosion sous contrainte. Durant cette période pendant laquelle les équipes de la conduite ont été moins mobilisées dans le pilo‑ tage des installations, l’ASN relève qu’EDF a pris des mesures appropriées pour maintenir et développer les compétences de ses agents en adaptant de manière réactive le programme de formation dans le cadre de l’intégration de nombreuses modifications liées à la seconde visite décennale. En matière de maintenance, l’ASN estime que la situation du site est globalement satisfaisante. Elle considère néanmoins que la documentation associée reste à améliorer tout comme la sur‑ veillance des prestataires. L’année 2022 a notamment été mar‑ quée par une non-qualité de maintenance qui a occasionné une perte d’étanchéité brutale du circuit primaire principal lors de sa montée en pression pour son épreuve hydraulique. L’événement n’a eu aucune conséquence majeure. L’ASN a pu constater la bonne gestion de cet aléa par l’exploitant. Enfin, la gestion des consignations des matériels avant intervention est jugée en deçà de l’attendu et doit être améliorée. La radioprotection des travailleurs a été un enjeu important en 2022, du fait des nombreuses activités liées aux deux visites décennales. L’ASN considère comme en 2021 que la propreté radiologique constitue un point fort du site. La dosimétrie collective liée au chantier de remplacement des tuyauteries pour prévenir le phénomène de corrosion sous contrainte a été moindre qu’attendue, limitant ainsi l’exposition des travail‑ leurs aux rayonnements ionisants. Néanmoins, l’ASN constate toujours des comportements inadaptés des travailleurs en zone contrôlée au regard des règles de radioprotection appli‑ cables. Elle note des absences de radiamètre et des sas de travail non-conformes. En matière de protection de l’environnement, l’ASN considère que la centrale nucléaire de Civaux a géré de manière satis‑ faisante les déchets et les effluents radioactifs en 2022. Des avancées significatives mais qui restent à conforter ont été observées concernant les projets de confinement des eaux d’extinction incendie et de la gestion des terres de remblais. 84 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2022 Le panorama régional de la sûreté nucléaire et de la radioprotection • NOUVELLE-AQUITAINE •

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