Rapport de l'ASN 2022

Usine Melox L’ INB 151, dénommée Melox, créée en 1990 et exploitée par Orano Recyclage, est une usine de production de combustible MOX, combustible constitué d’un mélange d’oxydes d’uranium et de plutonium. L’ASN considère que le niveau de sûreté nucléaire et de radio‑ protection est satisfaisant dans le domaine de la maîtrise des risques d’incendie et globalement satisfaisant dans les domaines de la conduite et de la gestion des déchets. L’ASN constate également une amélioration du niveau d’appropria‑ tion du référentiel réglementaire dans le domaine des ESP. Les barrières de confinement sont maintenues à un niveau satisfaisant d’efficacité. Les ruptures de confinement, qui peuvent survenir en conditions normales d’exploitation, font l’objet d’un suivi particulier et d’actions pour les limiter. Par ailleurs, l’exploitant est confronté depuis plusieurs années à des difficultés à assurer la production des quantités prévues de combustibles conformes aux spécifications de sûreté des réacteurs nucléaires. Cette situation induit la production d’une quantité importante de rebuts de fabrication, qui sont envoyés à La Hague pour entreposage, entraînant notamment une saturation à court terme des entreposages de plutonium dans cet établissement. Ces difficultés pourraient induire des consé‑ quences majeures sur l’ensemble du «cycle du combustible» et la production électronucléaire française. Cette situation induit, à Melox, des besoins importants de maintenance, qui ont des conséquences en matière de radio‑ protection, avec un appel croissant à des intervenants exté‑ rieurs et une dosimétrie collective très importante. Une inspection de l’ASN menée sur ces thématiques a mis en évidence que le renforcement des opérations de maintenance a conduit à une augmentation notable de la production de déchets, entraînant également un risque de saturation des entreposages locaux. L’exploitant a qualifié en 2022 une nouvelle poudre d’oxyde d’uranium qui permettra normalement une réduction de la quantité de rebuts générés. La production industrielle de ce nouveau type de poudre nécessite la création d’une nouvelle installation, située sur le site Orano de Malvési (voir chapitre 11– «cycle du combustible»). Les autres solutions en place pour améliorer cette situation au sein de l’installation de manière pérenne consistent, d’une part, à procéder à des nettoyages approfondis des boîtes à gants pour réduire les niveaux de doses ambiants; d’autre part, à déployer un important programme de maintenance visant à restaurer le taux de disponibilité des outils de produc‑ tion. De plus, le programme de remise en état des machines (projet dit «PPRM») s’est poursuivi en 2022. Une inspection sur ces thématiques a été conduite en 2022 et a relevé que les moyens et axes de travail engagés par Orano Recyclage sont de nature à répondre aux difficultés rencontrées par l’instal‑ lation en matière de production et de maintenance. La construction du centre de crise devrait aboutir prochaine‑ ment pour permettre une mise en service de ce bâtiment en 2023, conformément à la prescription de l’ASN. Usine Centraco L’INB 160, dénommée « Centraco » et créée en 1996, est exploitée par la société Cyclife France, filiale à 100% d’EDF. L’usine Centraco a pour finalité de trier, décontaminer, valoriser, traiter et conditionner, en particulier en réduisant leur volume, des déchets et des effluents faiblement et très faiblement radioactifs. Les déchets issus de son procédé sont ensuite acheminés vers le CSA de l’Andra. L’installation est constituée : • d’une unité de fusion, où sont fondus les déchets métalliques, pour un tonnage annuel maximal de 3500 tonnes; • d’une unité d’incinération, où sont brûlés les déchets incinérables, pour un tonnage annuel maximal de 3000 tonnes de déchets solides et 2000 tonnes de déchets liquides; • de capacités d’entreposage. L’ASN considère que le niveau de sûreté de l’installation est globalement satisfaisant, notamment concernant la gestion du transport et la maîtrise du vieillissement. La gestion des déchets doit quant à elle évoluer en profondeur afin de res‑ pecter les délais d’entreposage définis dans le référentiel de sûreté. L’ASN a également mené une inspection concernant le réexamen périodique de l’INB. Par ailleurs, Cyclife France a transmis à l’ASN en 2020 des demandes de modification de son installation afin de per‑ mettre le traitement de déchets particuliers dans Centraco avec la mise en place d’un tri approprié pour ces déchets. L’ASN considère que les dispositions techniques et organi‑ sationnelles présentées par l’exploitant pour effectuer cette opération de tri préalable dans des unités dédiées sont satis‑ faisantes dans leur principe, mais qu’il convient de veiller au maintien d’un double contrôle de la conformité des déchets qui seront introduits dans les fours d’incinération ou de fusion. L’ASN a ainsi procédé à la modification des prescriptions de sa décision n° 2008‑DC‑0126 du 16 décembre 2008 par décision n° CODEP‑CLG-2022‑003400 du 19 janvier 2022. Cyclife a déposé en mars 2022 un dossier de demande de modification notable visant à créer un atelier de traitement de déchets TFA amiantés afin de pouvoir traiter des déchets provenant du démantèlement de Chinon A. Ce dossier, en cours d’instruction par l’ASN, prévoit la création d’un nouvel atelier nommé « atelier amiante » permettant ainsi de trier des saches de déchets amiantés avant reconditionnement. Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2022 89 Le panorama régional de la sûreté nucléaire et de la radioprotection • OCCITANIE •

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