3 La surveillance des expositions aux rayonnements ionisants 7. Le nombre total de travailleurs suivis comprend l’ensemble des travailleurs, y compris ceux issus des activités militaires et de défense. Du fait de la difficulté d’attribuer un cancer au seul facteur de risque rayonnements ionisants, pour prévenir les cancers dans la population, une « surveillance du risque » est réalisée par la mesure d’indicateurs de la radioactivité ambiante (mesure des débits de dose par exemple), de la contamination interne ou, à défaut, par la mesure de grandeurs (activités dans les rejets d’effluents radioactifs) qui peuvent permettre ensuite de procéder, par la modélisation et le calcul, à une estimation des doses reçues par les populations exposées. La totalité de la population française est exposée à des rayonnements ionisants d’origine naturelle ou ayant pour origine des activités humaines, mais de façon inégale sur le territoire. L’exposition moyenne de la population française est estimée à 6,5 mSv par personne et par an, mais cette exposition présente une grande variabilité individuelle (facteur de 1 à 20), notamment selon le lieu d’habitation (potentiel radon de la commune, niveau de rayonnements telluriques), le nombre d’examens radiologiques réalisés, les habitudes de consommation (tabac, denrées alimentaires) et de vie (voyages en avion). Le diagramme 1 représente une estimation des contributions respectives à la dose moyenne totale des différentes sources d’exposition aux rayonnements ionisants pour la population française, d’une part avec la prise en compte du coefficient de dose du radon prévu par la réglementation actuelle ; d’autre part, avec le coefficient de dose du radon qui était en vigueur jusqu’au 31 décembre 2023. 3.1 LES DOSES REÇUES PAR LES TRAVAILLEURS 3.1.1 La surveillance des expositions professionnelles aux rayonnements ionisants Le système de surveillance des expositions des personnes susceptibles d’être exposées aux rayonnements ionisants, travaillant notamment dans les INB ou dans les installations relevant du nucléaire de proximité, est en place depuis plusieurs décennies. Fondé principalement sur le port obligatoire du dosimètre à lecture différée pour les travailleurs susceptibles d’être exposés, il permet de vérifier le respect des limites réglementaires applicables aux travailleurs. Ces limites visent l’exposition totale (depuis 2003, la limite annuelle, exprimée en matière de dose efficace, est de 20 mSv sur douze mois consécutifs), obtenue en ajoutant la dose due à l’exposition externe et celle résultant d’une éventuelle contamination interne ; d’autres limites, appelées « limites de dose équivalente », sont définies pour l’exposition externe de certaines parties du corps telles que les mains, la peau et le cristallin (voir rubrique « Réglementer » sur asn.fr). Les données enregistrées permettent de connaître, pour chaque travailleur, y compris ceux des entreprises extérieures, la dose d’exposition cumulée sur une période déterminée ne pouvant dépasser trois mois. Elles sont rassemblées dans le système d’information de la surveillance de l’exposition aux rayonnements ionisants (Siseri) géré par l’IRSN et font l’objet d’une publication annuelle. Les résultats de l’exposition des travailleurs aux rayonnements ionisants présentés ci-après sont issus du bilan IRSN 2022, La radioprotection des travailleurs – exposition professionnelle aux rayon‑ nements ionisants en France. Sur le plan méthodologique, comme pour les cinq années précédentes, le bilan IRSN 2022 de l’exposition externe a été exclusivement réalisé à partir des données de la surveillance individuelle de l’exposition externe des travailleurs enregistrées dans la base Siseri. Jusqu’en 2016, les bilans étaient exclusivement élaborés par agrégation des synthèses annuelles demandées aux organismes de dosimétrie. En conséquence, les résultats de 2022 pour l’exposition externe ne sont directement comparables qu’à ceux établis à partir de l’année 2017. Afin de pouvoir néanmoins établir des tendances, les résultats des années 2015 et 2016 ont été réévalués avec la nouvelle approche méthodologique (voir tableau 3). Les tableaux 1 et 2 présentent, par domaine d’activité et pour l’année 2022, la répartition des effectifs surveillés, de la dose collective (la dose collective est la somme des doses individuelles reçues par un groupe de personnes donné) et du nombre de dépassements de la limite annuelle de 20 mSv. Ils témoignent d’une grande disparité de la répartition des doses selon les secteurs. Par exemple, le secteur des activités médicales (dont le secteur dentaire) et vétérinaires, qui regroupe une part importante des effectifs surveillés (59,5 %), ne représente que 11,4 % de la dose collective ; par contre, le secteur de l’industrie du nucléaire civil qui ne représente que 20,7 % des effectifs, comptabilise 48,7 % de la dose collective. En outre, le secteur concerné par une exposition à la radioactivité naturelle (hors personnel navigant militaire), qui ne représente que 5,7 % de l’effectif total, comptabilise 33,2 % de la dose collective. Enfin, les secteurs de l’industrie non nucléaire et de la recherche représentent respectivement 4,1 et 2,7 % des effectifs et comptabilisent respectivement 3,2 et 0,4 % de la dose collective. Le tableau 3 montre que, pour l’exposition externe, le nombre total de travailleurs(7) suivis en 2022 est de 386 080, en diminution de 1,5 % par rapport à 2021. La dose collective est de 88,4 homme.Sv, valeur en hausse de 7 % par rapport à celle de 2021, elle-même en hausse de 14 % par rapport à celle de 2020, sans néanmoins retrouver la valeur de 2019 (112,3 homme.Sv). Cette augmentation concerne tous les domaines d’activité mais s’explique principalement par la reprise du trafic aérien avec l’amélioration des conditions sanitaires en lien avec la pandémie de Covid-19. Concernant la dosimétrie des extrémités (doigts et poignets), le nombre de travailleurs suivis en 2022 est de 27 598, en baisse de 2,6 % par rapport en 2021 (soit 7,1 % de l’effectif suivi). Pour ce qui concerne la surveillance dosimétrique au cristallin, qui était en progression depuis 2015, elle se stabilise depuis 2021. Elle a concerné 5 906 travailleurs en 2022. En 2022, six dépassements de la limite réglementaire de 20 mSv pour la dose efficace corps entier ont été enregistrés dont deux ont été confirmés par le médecin du travail. Quatre dépassements de cette limite ont été enregistrés dans le domaine médical (trois en radiodiagnostic et un dans le secteur de la radiothérapie), dont l’un, confirmé par le médecin du travail, correspond au cumul de plusieurs doses en 2022 (exposition externe de 20 mSv sur douze mois glissants) ; les trois autres cas ont été retenus par défaut, en l’absence de retour du médecin du travail sur les conclusions d’enquête. Le cinquième dépassement a été enregistré dans le secteur de la recherche pour des cumuls de plusieurs doses en 2022 et confirmé par le médecin du travail. En revanche, le sixième dépassement enregistré dans le domaine de l’industrie non nucléaire n’a pas été confirmé par le médecin du travail. Par ailleurs, deux dépassements de la limite réglementaire de la dose équivalente à la peau de 500 mSv ont été enregistrés, le premier dans le domaine médical, en médecine nucléaire, avec Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2023 107 • 01 • Les activités nucléaires: rayonnements ionisants et risques pour la santé et l’environnement 01 05 15 08 11 04 14 06 07 13 AN 03 10 02 09 12
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