Rapport de l'ASN 2023

LE PROGRAMME EPR 2 a conception du réacteur EPR 2 dérive de celle de l’EPR en y apportant des simplifications pour en faciliter la construction et l’exploitation. Au plan de la sûreté, il s’agit d’un réacteur à eau sous pression de troisième génération, qui prend en compte le retour d’expérience (REX) de l’EPR. Ces réacteurs ont vocation à être encore en service à la fin du XXIe siècle, période à laquelle les effets du changement climatique devraient être bien plus marqués qu’aujourd’hui. D’importantes incertitudes existent, notamment sur les températures à prendre en compte pour dimensionner les équipements. Face à cette situation, l’ASN considère que, au-delà d’objectifs ambitieux en matière de résilience climatique, il convient de prévoir un certain niveau d’adaptabilité des installations, afin de pouvoir, le cas échéant, redimensionner certains équipements critiques. La maîtrise de la qualité de la construction et des fabrications reste le principal défi auquel EDF doit faire face. Le programme EPR 2 démarre en effet sur un rythme d’une paire de réacteurs tous les trois ans. Cette situation fait peser une pression importante sur les acteurs industriels, avec le risque que, confrontés à des objectifs irréalistes, le respect des échéances prenne le pas sur la qualité. L’ASN constate que la filière se prépare depuis plusieurs années à l’arrivée de ce nouveau programme électronucléaire. Le sujet des compétences, que l’ASN considère comme primordial, fait l’objet de multiples actions, en lien avec l’État et les collectivités. Dans ce contexte, l’ASN adapte son contrôle à ces nouveaux enjeux. Depuis 2016, la loi a étendu sa compétence aux activités réalisées hors des installations nucléaires, en particulier dans les usines des fournisseurs et sous-traitants. L’ASN étend en conséquence progressivement ses contrôles au-delà de la fabrication des seuls équipements de la chaudière nucléaire, avec 53 inspections de fournisseurs réalisées en 2023. Les enjeux en matière de sûreté du nouveau programme nucléaire FAITS MARQUANTS 2023 L Site de Penly (Seine-Maritime) sur lequel EDF envisage la construction de deux réacteurs de type EPR 2. 12 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2023 Le lancement d’un nouveau programme nucléaire d’ampleur constitue un défi pour la filière nucléaire française, qui doit reconstituer ses capacités, notamment en matière de compétences. L’ASN attire l’attention sur la nécessité de maîtriser la qualité de la construction et des fabrications dans ce contexte de démarrage rapide du programme électronucléaire EPR 2 et en tient compte dans son contrôle. Dans le même temps, les projets de petits réacteurs modulaires (PRM ou Small Modular Reactors – SMR) se multiplient, avec des objectifs ambitieux, y compris en matière de sûreté nucléaire. La plupart de ces projets de réacteurs innovants, portés par de nouveaux acteurs, nécessitent de construire des maquettes expérimentales avant d’envisager un produit industriel. Il va également être nécessaire de concevoir en parallèle de nouvelles installations du «cycle du combustible» adaptées aux besoins de ces nouvelles filières technologiques. Face au nombre et à la diversité de ces projets, qui posent des questions nouvelles ou réinterrogent les doctrines en vigueur en matière de sûreté, l’ASN s’adapte, sans réduire ses exigences sur le plan de la sûreté, et a mis en place des modalités d’échange et de travail adaptées à ces nouveaux acteurs.

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