Rapport de l'ASN 2023

la conception du réacteur EPR inclut des systèmes de gestion des accidents graves et est résistante à des niveaux extrêmes d’agression externe. Cette conception n’a nécessité que des évolutions marginales pour prendre en compte les enseignements de l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima (Japon). DES DIFFICULTÉS RENCONTRÉES LORS DE LA FABRICATION DES MATÉRIELS ET DE LA CONSTRUCTION DU RÉACTEUR L’ASN a mené près de 600 inspections au cours de la construction du réacteur EPR. Ces inspections ont principalement été menées sur le site de Flamanville, au sein des services nationaux d’EDF et dans les usines de fabrication. L’ASN a ainsi contrôlé les activités de construction du génie civil, de fabrication et de montage des équipements, d’essai de l’installation et de préparation à l’exploitation. L’ASN a également assuré les missions d’inspection du travail sur le chantier. Tout au long du projet, l’ASN a exercé sa mission de contrôle, devant parfois exiger qu’EDF modifie son projet quand les enjeux de sûreté le nécessitaient. Ainsi, en 2008, une succession d’anomalies constatées lors des opérations de bétonnage et de ferraillage a conduit l’ASN à imposer à EDF de suspendre les opérations de coulage de béton des ouvrages importants pour la sûreté. De la même façon, en 2011, l’ASN a imposé à EDF de suspendre les activités de bétonnage de l’enceinte interne à la suite d’anomalies de positionnement des gaines de précontrainte. L’ASN a demandé à EDF entre 2015 et 2018 des justifications approfondies concernant la cuve du réacteur, dont l’acier du fond et du couvercle comporte une anomalie de fabrication. À l’issue de son instruction, l’ASN a considéré que cette anomalie ne remettait pas en cause la mise en service de la cuve sous réserve de la réalisation de contrôles spécifiques lors de l’exploitation de l’installation. Compte tenu des difficultés à réaliser ces contrôles sur le couvercle, l’ASN a limité sa durée d’utilisation, et il devra être remplacé. En 2019, l’ASN a considéré que la nature et le nombre particulièrement important des écarts survenus lors de la conception et de la fabrication des soudures des lignes de vapeur principales situées au niveau des traversées de l’enceinte de confinement constituaient un obstacle majeur au maintien en l’état de ces soudures et que la réparation avant la mise en service du réacteur devait être la solution de référence. Finalement, de nombreuses soudures des tuyauteries secondaires principales ont dû être reprises. Par ailleurs, différents cas d’irrégularités ont été mis en évidence dans les usines de fabrication de matériels au cours du projet, tant en France qu’à l’étranger. Ces cas ont révélé que ni la chaîne de surveillance et de contrôle ni le haut niveau de qualité exigé dans l’industrie nucléaire n’ont permis d’écarter totalement les risques de contrefaçons, de fraudes et de falsifications. C’est notamment sous l’impulsion de l’ASN que Framatome, alors Areva NP, a mis en évidence des irrégularités dans son usine de Creusot Forge en 2016. Chaque cas d’irrégularité détecté nécessite la conduite d’investigations spécifiques par EDF et ses sous-traitants. L’ASN contrôle la robustesse de ces investigations au travers d’échanges techniques et d’inspections, et en s’appuyant parfois sur le contrôle d’organismes habilités. Ce contrôle porte sur les causes, la détermination du périmètre des irrégularités, les plans d’action mis en place, ainsi que sur les conséquences sur la conformité des équipements et la sûreté de l’installation. Le contrôle de l’ASN est mené en parallèle des poursuites judiciaires qui sont parfois initiées. Plus globalement, l’ASN a demandé à EDF de mener une revue globale de la qualité des matériels du réacteur, notamment au moyen de contrôles complémentaires sur les principaux matériels présentant des enjeux pour la sûreté. L’autorisation de mise en service permettra à EDF d’engager les opérations de chargement du combustible dans le réacteur. EDF réalisera ensuite un programme d’essais visant à vérifier la sûreté et les performances du réacteur, dont la durée prévisionnelle est d’environ huit mois. Ce programme a été instruit par l’ASN avec l’appui de l’IRSN. L’ASN contrôlera son déroulement, tout comme elle le fera tout au long de l’exploitation du réacteur. La construction du réacteur EPR de Flamanville a été riche en enseignements, tant pour EDF que pour ses fournisseurs. De son côté, l’ASN a adapté ses méthodes de contrôle en vue de la construction des futurs réacteurs (voir le fait marquant «Les enjeux en matière de sûreté du nouveau programme nucléaire »). n FAITS MARQUANTS 2023 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2023 15

RkJQdWJsaXNoZXIy NjQ0NzU=