LE TRANSPORT DES SUBSTANCES RADIOACTIVES Le transport de substances radioactives (TSR) implique de nombreux acteurs, les transporteurs bien évidemment, mais également les expéditeurs, les concepteurs et fabricants de colis, etc. La grande majorité des transports est liée aux besoins de l’industrie non nucléaire, du secteur médical ou de la recherche. En 2023, l’ASN estime que la sûreté des TSR est, comme pour les années précédentes, globalement satisfaisante. Si des incidents, routiers en majorité, ont affecté quelques transports, ils sont à rapporter aux 770000 transports réalisés chaque année. Le nombre d’événements significatifs relatifs au TSR sur la voie publique est stable par rapport à 2022, avec une poignée d’événements classés au niveau 1 de l’échelle INES, ce qui constitue une diminution sensible par rapport à 2022. Les événements consistent essentiellement en: ∙ des non‑conformités matérielles affectant un colis (détérioration de l’emballage notamment) ou son arrimage au moyen de transport, qui conduisent à affaiblir la résistance du colis (qu’un accident survienne ou pas). Ces cas ne concernent pas les transports de combustibles usés ou de déchets hautement radioactifs et touchent essentiellement les transports liés aux activités nucléaires de proximité ; ∙ des dépassements, le plus souvent faibles, des limites fixées par la réglementation pour les débits de dose ou la contamination d’un colis ; ∙ des erreurs ou oublis d’étiquetage de colis, essentiellement pour des transports liés aux activités nucléaires de proximité ; ∙ des erreurs de livraison de produits radiopharmaceutiques. Ces produits étant souvent similaires d’un service hospitalier à un autre, ils ont pu pour la plupart être utilisés sans incidence sur la prise en charge des patients. Les inspections menées par l’ASN relèvent également fréquemment de tels écarts. Une plus grande rigueur au quotidien reste donc attendue des expéditeurs et des transporteurs. En ce qui concerne les transports liés aux installations nucléaires de base (INB), l’ASN constate que les exploitants effectuent de nombreux contrôles et, de ce fait, détectent mieux d’éventuels écarts. Pour les INB réalisant des programmes de recherche, elle estime que les expéditeurs doivent encore améliorer les dispositions visant à démontrer que le contenu réellement chargé dans l’emballage est conforme aux spécifications des certificats d’agrément des modèles de colis et aux dossiers de sûreté correspondants, notamment lorsque cette démonstration est réalisée par une entreprise tierce. Un incident relatif au nonrespect d’une limite pour la maîtrise du risque de criticité, classé au niveau 1 de l’échelle INES, lors de transports internes, rappelle l’importance de telles dispositions. En ce qui concerne les transports liés aux activités nucléaires de proximité, les inspections de l’ASN confirment des disparités significatives d’un opérateur de transport à l’autre. Les écarts les plus fréquemment relevés portent sur le contenu et la mise en œuvre réelle du programme de radioprotection des travailleurs, le système de management de la qualité, le respect effectif des procédures mises en place. Ainsi, les contrôles à mener avant l’expédition d’un colis doivent être améliorés. Par exemple, les inspections portant sur le transport de gammagraphes mettent régulièrement en lumière un calage ou un arrimage inapproprié. Alors que les utilisations de radionucléides dans le secteur médical sont à l’origine d’un flux élevé de transports, la connaissance de la réglementation applicable à ces transports et les dispositions mises en place par certains centres hospitaliers ou centres de médecine nucléaire pour les expéditions et réceptions de colis doivent encore progresser. Les systèmes de management de la qualité restent encore à formaliser et à déployer, notamment en ce qui concerne les responsabilités de chacun des personnels impliqués. L’ASN estime que la radioprotection des transporteurs de produits radiopharmaceutiques, qui sont notablement plus exposés que la moyenne des travailleurs, reste un point de vigilance. Pour les transports effectués avec des colis ne nécessitant pas un agrément de l’ASN, des progrès continuent d’être constatés par rapport aux années précédentes, ainsi qu’une meilleure prise en compte des recommandations formulées dans le Guide n°7 de l’ASN (tome 3). Les améliorations encore attendues portent généralement sur la description des contenus autorisés par type d’emballage, la démonstration de l’absence de perte ou de dispersion du contenu radioactif en conditions normales de transport, ainsi que sur l’impossibilité de dépasser les limites de débit de dose applicables avec le contenu maximal autorisé. Enfin, l’ASN souligne que le TSR peut être un facteur limitant pour certains projets concernant tant les INB que les activités nucléaires de proximité. Au titre de l’anticipation, l’ASN appelle donc à la vigilance des exploitants sur la disponibilité des emballages, en nombre suffisant le cas échéant, et sur l’existence d’autres modèles de colis qui pourraient remplacer les emballages habituellement utilisés en cas de problème les affectant. Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2023 29 Les appréciations de l’ASN
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