Rapport de l'ASN 2023

Depuis les années 1990, EDF conduit un programme de remplacement des GV constitués des faisceaux tubulaires les plus dégradés. La campagne de remplacement des GV de 26 réacteurs dont le faisceau tubulaire est en alliage Inconel 600 non traité thermiquement est achevée. Elle se poursuit par le remplacement des GV des réacteurs dont le faisceau est en alliage Inconel 600 traité thermiquement (22 réacteurs sont encore concernés). 2.2.4 L’évaluation de l’exploitation des équipements sous pression nucléaires La surveillance de l’exploitation des circuits primaires et secondaires principaux des réacteurs L’ASN considère que la surveillance menée par EDF de l’exploitation des CPP et CSP, qui constituent la deuxième barrière de confinement des réacteurs, reste un point de vigilance. L’année 2023 a été à nouveau particulièrement marquée par le phénomène de CSC affectant des tuyauteries auxiliaires de ces circuits (voir encadré ci-dessous). Ce phénomène illustre la possibilité que des modes de dégradation non redoutés apparaissent sur ces circuits, y compris en l’absence de REX international sur des phénomènes similaires. La déclinaison des programmes de surveillance en exploitation de ces circuits, ainsi que leur adaptation pour tenir compte de l’évolution du REX et des connaissances des modes de dégradation, font donc l’objet d’une attention particulière de la part de l’ASN. À ce titre, l’ASN est attentive à ce qu’EDF ait recours à des moyens de contrôle non destructifs adaptés et dont les performances sont qualifiées et à ce qu’elle déploie de manière réactive des contrôles, éventuellement non qualifiés, pour approfondir les connaissances vis-à-vis de risques particuliers. Les cuves des réacteurs Dans le cadre des réexamens périodiques, l’ASN examine tous les dix ans la justification de la résistance en service des cuves. La démarche générique mise en place par EDF consiste à vérifier, suivant une approche enveloppe, que toutes les cuves d’un type de réacteurs présentent une résistance à la rupture brutale suffisante en tenant compte des chargements auxquelles elles sont soumises en exploitation (que ce soit lors des situations d’exploitation courantes, incidentelles ou accidentelles) et de leur fragilisation sous irradiation. Lors de cette phase, il est tenu compte des propriétés mécaniques de chaque cuve et de la présence d’un défaut hypothétique positionné de manière pénalisante. Pour les cuves présentant des défauts particuliers, EDF vérifie également la résistance mécanique de ces défauts. Au terme de son instruction, l’ASN a conclu favorablement sur la capacité des cuves des réacteurs de 900 MWe à fonctionner jusqu’à leur cinquième visite décennale. Elle instruit actuellement les justifications apportées par EDF pour les cuves des réacteurs de 1300 MWe. EDF mène également lors de la visite décennale de chaque réacteur des contrôles pour s’assurer de l’absence d’évolution des défauts existants, ou d’apparition de défauts préjudiciables dans l’acier des cuves. Elle réalise également une épreuve hydraulique sous pression du circuit primaire. L’ASN émet des procès-verbaux à la suite des contrôles effectués lors de chaque visite décennale sur le circuit primaire, et en particulier les cuves. En 2023, les résultats des contrôles menés ont été satisfaisants. Les coudes moulés Les dossiers établis par EDF en vue de la justification du maintien en service des coudes et piquages moulés du circuit primaire au-delà de la quatrième visite décennale des réacteurs de 900 MWe et de 1300 MWe ont fait l’objet d’une instruction par l’ASN. Afin d’asseoir sa position sur cette démarche, l’ASN a réuni le GPESPN à deux reprises. L’instruction a conclu que la quasi-totalité des coudes peut être maintenue en service au moins jusqu’à la cinquième visite décennale. Elle s’est notamment focalisée sur le cas de quelques EDF a poursuivi en 2023 le déploiement du plan d’action défini à la suite de la découverte de fissures de CSC à la fin de l’année 2021. EDF a continué à mobiliser d’importants moyens pour en identifier les causes et procéder aux contrôles des réacteurs et aux réparations des tuyauteries affectées. Ainsi, EDF a poursuivi la mise en œuvre du programme approfondi de contrôle et d’expertise qui avait été engagé en 2022 sur les différents types de réacteur. Une partie de ce programme est dédiée aux soudures qui ont été réparées lors de leur fabrication et qui sont susceptibles de présenter des risques plus importants. Ainsi, 301 soudures ont fait l’objet d’un contrôle en 2023, dont 170 soudures réparées. Les contrôles de ces soudures ont mis en évidence quatre fissures de grande taille qui auraient pu conduire à un risque de fuite en cas de sollicitation mécanique importante. En parallèle de ce programme de contrôle, les tuyauteries jugées les plus sensibles au phénomène de CSC ont fait l’objet de remplacements. Ainsi, les lignes d’injection de sécurité en branche froide des réacteurs de type P’4 ont fait l’objet de ces travaux en 2023. En 2023, le programme de contrôle a également mis en évidence la présence de quelques fissures de fatigue thermique sur les mêmes types de tuyauteries. EDF a élaboré un programme d’investigation, afin d’améliorer la compréhension du phénomène de CSC en lui-même, mais également la compétition entre ce phénomène et la fatigue thermique. Le programme de contrôle est adapté pour la détection des deux phénomènes. L’ASN a poursuivi son contrôle des actions menées par EDF. Fin 2023, elle a mené plus de 65 inspections dédiées à cette problématique depuis fin 2021. Ces inspections ont notamment eu lieu dans les services d’ingénierie d’EDF, dans les centrales nucléaires et chez les sous-traitants d’EDF, dans le cadre des opérations de contrôle ou de remplacement de tuyauteries. L’ASN a également poursuivi les échanges avec ses homologues étrangères, dont plusieurs ont réalisé des contrôles sur ce sujet. D’ici fin 2025, EDF procèdera à des contrôles des tuyauteries des systèmes RIS et RRA de l’ensemble de ses réacteurs. Elle étendra en 2024 ses contrôles aux soudures réparées des autres lignes connectées au CPP. L’ASN restera mobilisée, avec l’appui technique de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), sur cette problématique en 2024, et suivra avec attention les résultats des contrôles mis en œuvre par EDF. Elle instruira les évolutions de la stratégie d’EDF qui pourraient en découler. Les dernières informations sur le sujet sont disponibles sur asn.fr. BILAN DES EXPERTISES ET RÉPARATIONS D’EDF ET DES CONTRÔLES APPROFONDIS DE L’ASN DEPUIS LA DÉCOUVERTE DE FISSURES DE CORROSION SOUS CONTRAINTE Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2023 301 • 10 • Les centrales nucléaires d’EDF 10 05 15 08 11 04 14 06 07 13 AN 03 02 09 12 01

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