Rapport de l'ASN 2023

coudes, difficilement remplaçables. Seul le cas d’un coude du réacteur 2 de la centrale nucléaire de Paluel reste à approfondir. EDF doit proposer une stratégie pour la justification de la poursuite d’exploitation de ce coude. À l’issue de cette analyse, l’ASN a demandé à EDF de poursuivre ses investigations sur les possibilités de dépose, de réparation et de contrôle non destructif des coudes les plus sensibles, dans l’objectif de définir une stratégie suffisamment en amont des cinquièmes visites décennales pour les coudes qui ne pourraient pas être justifiés au-delà. Les générateurs de vapeur La situation des GV est restée un point de vigilance pour l’ASN en 2023. Les constats de niveaux d’encrassement importants dans certains GV susceptibles d’altérer la sûreté de leur fonctionnement, amènent la programmation de nettoyages préventifs. La maintenance en vue de garantir un état de propreté satisfaisant a été insuffisante par le passé et doit être maintenant une priorité. La stratégie de contrôle de la partie secondaire des GV déployée par EDF a été revue mi-2020 afin de mieux prévenir ces situations. Des opérations de remplacement de GV sont planifiées au rythme d’un réacteur par an dans les années à venir à partir de 2024. Les tuyauteries auxiliaires du circuit primaire principal De nombreuses fissures liées à de la CSC ont été découvertes, en particulier sur les tuyauteries des circuits RIS et RRA des réacteurs de 1450 MWe et de 1300 MWe de type P’4, à proximité immédiate de certaines soudures. Elles ont conduit à de très nombreuses expertises destructives et réparations (voir encadré page précédente). 2.3 LES ENCEINTES DE CONFINEMENT 2.3.1 Les enceintes de confinement Les enceintes de confinement, qui constituent la troisième barrière de confinement, font l’objet de contrôles et d’essais destinés à vérifier leur conformité aux exigences de sûreté. En particulier, leur comportement mécanique doit garantir une bonne étanchéité du bâtiment réacteur si la pression à l’intérieur de celui‑ci venait à dépasser la pression atmosphérique, ce qui peut survenir dans certains types d’accident. C’est pourquoi ces essais comprennent, à la fin de la construction, puis lors des visites décennales, une montée en pression de l’enceinte interne avec une mesure du taux de fuite. Ces essais sont imposés par l’arrêté du 7 février 2012 fixant les règles générales relatives aux installations nucléaires de base (INB). D’autres matériels participent à la fonction de confinement, tels que les systèmes pour accéder à l’intérieur de l’enceinte de confinement (dénommés sas et tampon matériel), le circuit de mise en dépression de l’espace inter-enceinte des enceintes de confinement à double paroi ou le circuit de ventilation de la salle de commande. 2.3.2 L’évaluation des enceintes de confinement Gestion globale de la fonction de confinement Dans son ensemble, la fonction de confinement fait l’objet d’une gestion assez satisfaisante de la part d’EDF. L’ASN constate toutefois encore des indisponibilités ponctuelles mais répétées affectant certains matériels participant à cette fonction. Ces indisponibilités concernent notamment le système de pressurisation des pénétrations de l’enceinte et de contrôle des fuites, ainsi que le système de ventilation de la salle de commande. EDF a engagé depuis 2014 un plan d’action afin de garantir, compte tenu des évolutions des réacteurs depuis leur construction, que les débits des systèmes de ventilation répondent aux exigences de sûreté requises à la fois pour le confinement et pour le conditionnement thermique des installations. Le plan d’action est déployé, réacteur par réacteur, sur tous les systèmes de ventilation concernés, et inclut un état des lieux des matériels et des gaines. EDF procède, le cas échéant, à des remises en état et à des améliorations ainsi qu’au réglage des débits de ventilation. La dernière phase de ce plan d’action national intègre un programme visant à s’assurer de la pérennité des réglages réalisés. L’ASN prendra position en 2024 sur la pertinence de ce programme. Les enceintes à simple paroi revêtue sur la face interne d’une peau d’étanchéité métallique Les épreuves décennales des enceintes des réacteurs de 900 MWe réalisées depuis 2019 dans le cadre de leur quatrième visite décennale n’ont pas mis en lumière de problème générique susceptible de remettre en cause leur exploitation. En 2023, cinq réacteurs avec enceinte à simple paroi ont réalisé leur épreuve enceinte, dont les résultats ont été satisfaisants. Les enceintes à double paroi Les épreuves des enceintes à double paroi réalisées lors des premières visites décennales des réacteurs de 1 300 MWe avaient permis de détecter une augmentation des taux de fuite de la paroi interne de certaines d’entre elles plus importante qu’anticipée lors de la conception, sous l’effet combiné de déformations du béton et de pertes de la précontrainte de certains câbles. EDF a alors engagé d’importants travaux consistant à recouvrir localement, par un revêtement d’étanchéité en résine, l’intrados et l’extrados de la paroi interne des enceintes des réacteurs de 1300MWe les plus affectés, ainsi que des réacteurs de 1450MWe. Ces travaux ont permis, pour l’ensemble des réacteurs sur lesquels ils ont été effectués, de respecter les critères de taux de fuite lors des épreuves des enceintes. Sur le réacteur 1 de la centrale nucléaire de Civaux, un revêtement d’étanchéité a été appliqué sur une partie importante de l’enceinte interne. Malgré ces travaux, le taux de fuite constaté lors de l’épreuve réalisée lors de la deuxième visite décennale est resté élevé, même s’il est inférieur au critère à respecter. Pour cette raison, l’ASN restera vigilante sur l’évolution de la situation de cette enceinte et, plus largement, à l’évolution de l’étanchéité de l’ensemble des enceintes et au maintien de l’efficacité des revêtements sur le long terme. 2.4 L’ORGANISATION POUR L’EXPLOITATION DES RÉACTEURS 2.4.1 L’exploitation des réacteurs L’arrêté du 7 février 2012 prévoit que l’exploitant doit disposer des compétences techniques nécessaires pour assurer la maîtrise des activités d’exploitation. Par ailleurs, cet arrêté prescrit à l’exploitant de définir et de mettre en œuvre un système de gestion intégrée (SGI) permettant d’assurer que les exigences relatives à la sûreté et à la protection de l’environnement sont systématiquement prises en compte dans toute décision concernant l’installation. Ce SGI doit préciser les dispositions prises en matière d’organisation et de ressources de tout ordre, en particulier celles retenues pour maîtriser les activités importantes pour la protection des personnes et de l’environnement. Le fonctionnement normal Les centrales nucléaires d’EDF sont surveillées en permanence depuis une salle de commande par une équipe de conduite qui est aussi chargée du pilotage des installations. 302 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2023 • 10 • Les centrales nucléaires d’EDF

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