Rapport de l'ASN 2023

EDF a pris en compte ce REX et a réalisé des études de réévaluation du fonctionnement de ses installations dans des conditions de températures de l’air et de l’eau plus sévères que celles retenues initialement à la conception. En parallèle du développement de ce référentiel de sûreté portant sur les situations dites de « grands chauds », EDF a modifié ses installations (par exemple pour augmenter la capacité de certains échangeurs) et mis en place des pratiques d’exploitation qui optimisent la capacité de refroidissement des équipements et améliorent la tenue des matériels sensibles aux températures élevées. Dans le cadre des réexamens périodiques des réacteurs, EDF prend en compte le changement climatique et continue à améliorer la capacité de ses installations à se prémunir des effets d’une situation de canicule. Il est notamment prévu d’améliorer la capacité de certains systèmes de refroidissement de matériels requis pour la démonstration de sûreté nucléaire. EDF a également engagé un programme de veille climatique afin d’anticiper les évolutions du climat qui pourraient remettre en cause les hypothèses de températures retenues dans son référentiel. Comme pour les autres agressions, l’ASN demande à EDF de tirer le REX des différents événements caniculaires, ainsi que leurs effets sur les installations. La prise en compte des agressions naturelles d’intensité extrême À la suite de l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima survenu le 11 mars 2011, les évaluations complémentaires de sûreté ont conduit l’ASN à prescrire la mise en place d’un noyau dur de dispositions matérielles et organisationnelles pour faire face aux situations découlant d’agressions naturelles externes d’intensité extrême, dont la sévérité dépasse celle considérée jusqu’alors dans le référentiel de sûreté de chaque installation. Les agressions naturelles externes retenues pour la conception du noyau dur sont les suivantes : le séisme, l’inondation (dont les pluies de forte intensité) et les phénomènes associés (vents extrêmes, foudre, grêle), ainsi que la tornade. 2.4.6 L’évaluation de la maîtrise des risques liés aux agressions L’ASN contrôle la prise en compte des risques liés aux agressions dans les centrales nucléaires en se fondant notamment sur la réévaluation de la conception des installations dans le cadre des réexamens périodiques, l’analyse des référentiels de sûreté de l’exploitant, l’examen des événements significatifs et les inspections réalisées sur les sites. L’accident de la centrale nucléaire de Fukushima a conduit EDF à renforcer son organisation pour la maîtrise des risques liés aux agressions. En particulier, des réseaux de référents ont été constitués pour l’ensemble des centrales afin de piloter la mise en œuvre des actions définies pour faire face à ces risques. Des revues annuelles sont également menées afin d’améliorer cette organisation. De manière générale, l’ASN considère que des efforts importants sont encore nécessaires sur la majorité des sites pour améliorer la maîtrise des risques liés aux agressions, en particulier en ce qui concerne : ∙ la maintenance des équipements (batardeaux, portes coupefeu, capteurs, siphons de sol, etc.) ; ∙ les analyses de risque lors des opérations de maintenance et en cas de détection d’un dysfonctionnement d’un équipement; ∙ le respect des échéances des actions correctives identifiées lors des revues annuelles ; ∙ la formation des référents et la sensibilisation du personnel d’EDF et de ses prestataires. Les risques liés aux incendies L’ASN ne constate pas d’évolution notable concernant la maîtrise des risques liés aux incendies au sein des centrales nucléaires. Si des progrès sont notés sur certains sites, la majorité reste stable, avec un niveau de performance global en deçà des attentes. Le nombre de départs de feu en 2023 est similaire à celui de 2022. Quatre départs de feu survenus en 2023, dont un en zone contrôlée, ont conduit au déclenchement du PUI sur le site concerné. L’ASN a constaté certaines améliorations dans le pilotage de la gestion du risque d’incendie dans les centrales nucléaires, notamment dans la gestion de la détection et dans la formation des personnels. Toutefois, l’ASN a également noté la nécessité d’améliorer certains domaines, tels que le contrôle des éléments de sectorisation et le traitement des anomalies les concernant ou l’entreposage temporaire des matières combustibles lors des chantiers et des opérations de maintenance. EDF a également poursuivi ses actions visant à améliorer la maîtrise des risques liés à l’incendie dans les locaux identifiés comme étant particulièrement sensibles à cette agression au regard des conséquences potentielles pour la sûreté. Enfin, l’ASN note qu’EDF travaille au déploiement d’une nouvelle organisation de lutte contre l’incendie sur ses sites afin de pouvoir attaquer plus efficacement les feux et éviter leur propagation. Des évolutions sont ainsi prévues en matière d’équipements de protection individuelle des personnels, de formation et d’organisation avec les services départementaux d’incendie et de secours (SDIS), qui doivent être déployées à partir de 2024 sur les centrales nucléaires. Cela se traduira sur plusieurs sites par une amélioration des capacités d’intervention en lien avec les SDIS. Les risques liés aux explosions L’ASN contrôle les mesures de prévention et de surveillance du risque d’explosion mises en œuvre par EDF. L’ASN s’assure également, en lien avec ses missions d’inspection du travail, du respect de la réglementation relative aux « atmosphères explosives » (ATEX) pour la protection des travailleurs. L’ASN considère que le niveau de maîtrise des risques liés aux explosions n’est pas encore à l’attendu pour l’ensemble des sites. L’application de la doctrine de maintenance et de contrôle par EDF n’est pas satisfaisante, notamment en ce qui concerne les risques liés à la présence d’hydrogène sur les installations. L’ASN note toutefois les efforts entrepris par EDF pour réduire les écarts constatés, notamment par la mise en place d’un suivi renforcé et le déploiement de plans d’action spécifiques. L’ASN considère qu’EDF doit continuer à porter une attention toute particulière sur ce sujet, afin qu’il soit traité avec la rigueur nécessaire sur l’ensemble des sites. Les risques liés aux inondations internes En 2019, l’ASN a demandé à EDF de compléter sa démarche mise en œuvre pour mieux maîtriser le risque d’inondation interne, notamment pour s’assurer du bon fonctionnement des siphons de sol, renforcer la maintenance des tuyauteries susceptibles de conduire à une inondation interne et assurer une meilleure maîtrise de leur vieillissement. En réponse à ces demandes, EDF a mis en place des actions d’amélioration. Par ailleurs, EDF poursuit ses visites sur le terrain visant à recenser les tuyauteries pouvant être à l’origine d’une inondation interne dans les bâtiments électriques, qui sont particulièrement sensibles à ce risque, afin d’évaluer la nécessité de renforcer leur maintenance. Conformément aux demandes de l’ASN, EDF étendra ces recensements aux autres bâtiments. L’ASN constate de façon positive qu’EDF a engagé une rénovation des circuits de certains systèmes de réfrigération particulièrement sensibles à la corrosion. 308 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2023 • 10 • Les centrales nucléaires d’EDF

RkJQdWJsaXNoZXIy NjQ0NzU=