En particulier, l’ASN a mené une campagne d’inspections renforcées au sein des centrales nucléaires de Dampierre-en-Burly, de Belleville-sur-Loire et de Gravelines sur ces thèmes. Lors de ces inspections, les inspecteurs ont procédé à des contrôles sur le terrain, à des exercices de mises en situation ainsi qu’à l’examen de l’organisation des centrales. Concernant la maîtrise des risques non radiologiques, bien que quelques points d’amélioration aient été identifiés, en particulier au sujet de la préparation au risque de dégagement de substances dangereuses pour protéger les personnes à l’intérieur et à l’extérieur du site, les inspecteurs ont relevé l’investissement marqué des équipes EDF dans ce domaine. Ce point, confirmé par d’autres inspections spécifiques sur ce thème, constitue une avancée par rapport aux constats réalisés par l’ASN en 2022. En 2024, l’ASN maintiendra sa vigilance sur ce sujet. Dans le domaine de la maîtrise des prélèvements et rejets, les inspecteurs ont constaté le vieillissement de certains matériels participant à la gestion des effluents radioactifs et chimiques, tels que les équipements contribuant au traitement des effluents, à la production d’eau déminéralisée et au traitement des boues issues de cette production. Ce vieillissement et les dysfonctionnements associés de certains matériels peuvent avoir des conséquences en matière de disponibilité, d’efficacité des traitements, de qualité des effluents rejetés, de consommation d’eau et de mobilisation des réservoirs de stockage des effluents avant rejet dans l’environnement. Par ailleurs, plusieurs incidents survenus en 2023 liés à des fuites de produits chimiques à l’intérieur des installations de quelques centrales nucléaires trouvent également leur origine dans le vieillissement des matériels. Enfin, s’agissant de l’adaptation au changement climatique des centrales nucléaires, la campagne d’inspections renforcées a mis en évidence la nécessité d’élaborer, à l’échelle de chaque site, une stratégie de moyen et long terme prenant en compte leurs enjeux spécifiques (état des matériels participant aux effluents, dimensionnement et disponibilité des réservoirs d’entreposage des effluents avant rejet, contraintes associées aux prélèvements d’eau pendant les périodes d’étiage, etc.). Cette stratégie doit également aborder, au regard du REX de certaines centrales nucléaires, les enjeux de consommation d’eaux souterraines en veillant notamment à mieux identifier et prévenir les fuites pouvant affecter les réseaux enterrés. Cette campagne d’inspections renforcées sera reconduite en 2024 sur trois autres centrales nucléaires sur les thématiques de la maîtrise du confinement des pollutions liquides incidentelles. En effet, plusieurs incidents de ce type sont survenus en 2023. D’une manière plus générale, l’ASN a constaté en 2023, dans la continuité des années précédentes, que la gestion des rejets reste maîtrisée par la plupart des sites. Cependant, certains événements traduisent des fragilités révélatrices de défauts de fonctionnement de certains matériels tels que les déshuileurs ou les installations de traitement antitartre à l’acide sulfurique des tours aéroréfrigérantes. En matière de gestion des déchets, les contrôles menés par l’ASN font apparaître que leur gestion opérationnelle doit encore être améliorée, même si la tendance à l’amélioration observée en 2022 s’est poursuivie en 2023. L’ASN constate encore lors de ses inspections des cas de non‑respects des référentiels d’exploitation, en particulier concernant les durées d’entreposage et la tenue des inventaires, ainsi que des entreposages non-conformes. Une période de canicule et de sécheresse a trois conséquences principales sur le fonctionnement des réacteurs nucléaires. Le fonctionnement des équipements participant à la sûreté du réacteur en période de canicule Les fortes chaleurs entraînent des températures élevées de l’air, provoquant une augmentation de la température dans les locaux des centrales nucléaires. Au sein de ces locaux, le bon fonctionnement des équipements contribuant à la sûreté des réacteurs nucléaires est assuré jusqu’à une certaine température ambiante. Des équipements de ventilation et de climatisation permettent que cette température ne soit pas dépassée. Les températures auxquelles doivent faire face les réacteurs sont régulièrement réévaluées, notamment à l’occasion des réexamens périodiques. Ces réévaluations prennent en compte les évolutions climatiques. L’évacuation de la chaleur produite par les réacteurs en situation de température élevée des cours d’eau Pour contribuer au refroidissement de ses réacteurs, une centrale nucléaire prélève de l’eau dans un cours d’eau ou dans la mer. Cette eau est ensuite restituée au cours d’eau ou à la mer à une température plus élevée, soit directement (réacteur dit «en circuit ouvert »), soit après refroidissement dans des tours aéroréfrigérantes (réacteur dit « en circuit fermé ») qui permettent une évacuation partielle de la chaleur dans l’atmosphère. Cette eau rejetée par la centrale nucléaire entraîne une élévation de la température du cours d’eau entre l’amont et l’aval du rejet. Cette élévation peut aller, suivant les réacteurs, de quelques dixièmes de degrés (en cas de circuit fermé) à plusieurs degrés (en cas de circuit ouvert). Afin d’en maîtriser les conséquences sur l’environnement, les conditions thermiques de ces rejets sont encadrées par des décisions de l’ASN, propres à chaque centrale nucléaire. Les prescriptions fixées imposent des valeurs limites concernant la température de rejet des eaux de refroidissement dans le milieu naturel et l’échauffement en aval de la centrale nucléaire, ainsi que des modalités de surveillance de l’environnement. Ainsi, quand la température du cours d’eau à l’amont de la centrale est trop élevée, EDF doit réduire la puissance produite par les réacteurs, voire les arrêter, afin de respecter les valeurs limites associées à la température en aval. Depuis 2006, l’ASN a intégré dans les décisions encadrant les rejets des centrales nucléaires des dispositions visant à définir à l’avance les modalités de fonctionnement des centrales nucléaires dans des conditions climatiques exceptionnelles conduisant à un échauffement significatif des cours d’eau. Ces dispositions particulières sont applicables si la sécurité du réseau électrique est en jeu. Un assouplissement temporaire des valeurs limites des rejets thermiques peut aussi être autorisé par l’ASN, à la demande d’EDF, en cas de besoin du réseau électrique, comme cela a été le cas durant les épisodes caniculaires des étés 2003, 2006 et 2022. Dans ce cas, la surveillance de l’environnement est renforcée. La gestion des effluents radioactifs en période de sécheresse Le débit du cours d’eau peut également empêcher EDF de rejeter les effluents liquides issus des réacteurs nucléaires. Afin de limiter l’impact de ces rejets sur le milieu récepteur, l’ASN a fixé, pour chaque centrale implantée en bord de rivière, une valeur minimale du débit du cours d’eau en deçà de laquelle les rejets d’effluents radioactifs ne peuvent être réalisés. En deçà de ces valeurs, EDF doit entreposer ces effluents dans l’attente de conditions de débit favorables. Les centrales nucléaires disposent de réservoirs de secours offrant des capacités d’entreposage d’effluents supplémentaires pour faire face à des situations exceptionnelles, dont l’utilisation doit faire l’objet d’un accord préalable de l’ASN. LE FONCTIONNEMENT DES CENTRALES NUCLÉAIRES EN PÉRIODE DE CANICULE 314 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2023 • 10 • Les centrales nucléaires d’EDF
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