Rapport de l'ASN 2023

En mars 2016, EDF a annoncé un changement complet de stratégie de démantèlement de ses réacteurs définitivement à l’arrêt. Dans cette nouvelle stratégie, le scénario de déman‑ tèlement prévu pour l’ensemble des caissons de réacteur est un démantèlement «en air»(1) et le caisson de Chinon A2 serait démantelé en premier (voir chapitre 14). Dans ce contexte, l’ASN a analysé les rapports de conclusion du réexamen pério‑ dique, remis par EDF qui portent sur les six réacteurs UNGG, complétés en réponse à la demande de l’ASN. Au terme de son analyse, l’ASN a indiqué en décembre 2021 n’avoir pas d’objection à la poursuite d’exploitation des INB 133 (réacteur Chinon A1), 153 (réacteur Chinon A2) et 161 (réacteur Chinon A3). Elle vérifiera, dans le cadre de l’instruction des dossiers de démantèlement de ces réacteurs, déposés par EDF fin 2022 et toujours en cours d’instruction, que les opérations de déman‑ tèlement seront réalisées dans de bonnes conditions de sûreté et de radioprotection, et dans des délais maîtrisés. Concernant le réacteur Chinon A2, EDF a poursuivi les opé‑ rations préparatoires au démantèlement se situant hors du caisson du réacteur, notamment en ce qui concerne l’évacua‑ tion des viroles des locaux des échangeurs et a continué les investigations dans le caisson. Les viroles de deux des quatre locaux échangeurs ont été évacuées. EDF a également pour‑ suivi le démantèlement des échangeurs de Chinon A3. Après l’achèvement du chantier du local Échangeurs Sud en 2022, ce sont les travaux de démantèlement des échangeurs du local Nord débutés en juin 2022 qui se sont achevés en 2023. Toutes les bouteilles ont été évacuées au Centre industriel de regroupement, d’entreposage et de stockage (Cires). Les orages de juin et de septembre 2023 ont conduit à l’infil‑ tration de plusieurs centaines de mètres cubes d’eau dans les locaux adjacents à la salle des machines de Chinon A1, ainsi que dans différents locaux de Chinon A3. Ce sujet a fait l’ob‑ jet d’une inspection par l’ASN qui a conclu à l’importance de mettre en œuvre des actions préventives et correctives afin de remédier à cette situation (pompage des eaux, création de rondes de surveillance après chaque épisode orageux, tra‑ vaux d’étanchéification sur murs ou dalles, réparation et/ou dévoiement des descentes des eaux pluviales). L’ASN considère que le niveau de sûreté des installations nucléaires en démantèlement de Chinon (Chinon A1, A2 et A3) est satisfaisant. Les contrôles menés en 2023 ont notam‑ ment permis de relever la qualité de l’inventaire des déchets sans filière en cours de réalisation, la bonne préparation des différents chantiers du démantèlement et le travail réalisé sur l’identification des causes et les actions correctives immédiates mises en œuvre à la suite des infiltrations d’eau. Cependant, il convient de noter la déclaration de quatre événements signi‑ ficatifs en lien avec la radioprotection, et particulièrement des accès en zones contrôlées sans dosimètre opérationnel. 1. Parmi les scénarios possibles pour le démantèlement des structures fortement activées ou contaminées, on distingue le démantèlement « en air » et le démantèlement « sous eau ». L’approche « sous eau » consiste dans le cas des UNGG à remplir d’eau le cœur du réacteur (également appelé « caisson ») afin de bénéficier de l’effet protecteur d’une couche d’eau vis‑à‑vis des risques liés aux rayonnements, mais elle est plus complexe à mettre en œuvre que l’approche « sous air ». Compte tenu des difficultés techniques majeures (étanchéité du caisson et traitement de l’eau contaminée), mais également des avancées technologiques apportant d’autres solutions, notamment la téléopération, EDF a finalement retenu un scénario de démantèlement « en air », qui permet de s’affranchir des problématiques liées à l’utilisation de l’eau. Il est attendu que les actions mises en œuvre et contrôlées en inspection limitent le renouvellement de tels écarts. Des améliorations sont attendues concernant le suivi et la surveil‑ lance des sous‑traitants, qu’il s’agisse de la radioprotection ou du suivi des chantiers, ainsi que sur le niveau d’approfon‑ dissement de l’analyse des événements importants pour la radioprotection. Les installations du «cycle du combustible nuclÉaire» Magasin interrégional de combustible neuf Le Magasin interrégional (MIR) de Chinon, mis en service en 1978, est une installation d’entreposage d’assemblages de combustible neuf, dans l’attente de leur utilisation dans divers réacteurs d’EDF. Elle constitue l’INB 99. Avec le MIR du Bugey, l’installation concourt à la gestion des flux d’approvisionnement des réacteurs en assemblages de combustible. L’exploitation de l’installation est revenue à la normale depuis la reprise, en 2020, de la réception et de l’entreposage d’as‑ semblages de combustible neuf, dans une configuration où l’installation a été équipée d’un nouveau pont de manutention en 2019 et dans le cadre d’un référentiel actualisé autorisé par l’ASN. Lors de son inspection en 2023, l’ASN a constaté un niveau de sûreté perfectible malgré une bonne tenue des locaux. En effet, l’ASN considère que l’appropriation par les équipes en charge de la gestion du MIR du système docu‑ mentaire et du référentiel associé est à améliorer. Les installations de recherche en dÉmantÈlement Atelier des matériaux irradiés L’Atelier des matériaux irradiés (AMI), déclaré et mis en service en 1964, est situé sur le site nucléaire de Chinon et exploité par EDF. Cette installation (INB 94), dont le fonctionnement a cessé, est en démantèlement. Elle était destinée essentiellement à la réalisation d’examens et d’expertises sur des matériaux activés ou contaminés en provenance des réacteurs à eau sous pression. Les activités d’expertise ont été complètement transférées en 2015 dans une nouvelle installation du site, le Laboratoire inté‑ gré du Centre d’expertise et d’inspection dans les domaines de la réalisation et de l’exploitation – Ceidre (Lidec). Le décret n° 2020‑499 de démantèlement de l’AMI a été publié le 30 avril 2020 et les nouvelles RGE ont été approuvées par l’ASN en avril 2021, permettant ainsi l’entrée en application du décret. L’ASN a également soumis à son accord l’engagement de plusieurs opérations de démantèlement à venir. Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2023 51 Le panorama régional de la sûreté nucléaire et de la radioprotection • CENTRE-VAL DE LOIRE •

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